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Serge Bouchard

Serge Bouchard

Né à Montréal en 1947, diplômé en anthropologie de l’Université McGill et de l’Université Laval, Serge Bouchard est passionné d’histoire et d’amérindianité. D’abord chercheur dans le domaine des études nordiques, il a touché à de nombreux champs d’enquête, allant de l’ethnohistoire jusqu’aux contextes contemporains des changements sociaux et politiques. Son mémoire de maîtrise (1973) portait sur le savoir des chasseurs innus du Labrador, tandis que sa thèse de doctorat (1980) décrivait et analysait la culture et le mode de vie des camionneurs de longue-distance dans le nord du Québec.

Devenu consultant autonome en anthropologie appliquée, il a cofondé une firme de recherche en sciences humaines, active jusqu’en 1986 dans les domaines de la formation interculturelle, de l’environnement, de la justice et de la gestion. Il a ensuite été professeur au département des sciences administratives de l’Université du Québec à Montréal. Entre 1987 et 1990, il a dirigé les services de recherche en sciences humaines de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail du Québec.

Homme de radio, Serge Bouchard a animé à Radio-Canada Première des émissions phares telles que De remarquables oubliés, Une épinette noire nommée Diesel et, durant seize ans, Les chemins de travers. Il coanime à présent l’émission C’est fou, tous les dimanches soir, en compagnie de Jean-Philippe Pleau. Ce communicateur de grand calibre donne également des conférences depuis une trentaine d’années devant des publics variés, au Québec et partout au Canada, aussi bien sur les réalités des peuples autochtones que sur nombre de sujets philosophiques et d’actualité qui préoccupent notre monde.

Écrivain inclassable, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourse, Mathieu Mestokosho, chasseur innu et C’était au temps des mammouths laineux. En outre, l’auteur signait chaque mois, jusqu'en mai 2018, la chronique Esprit du lieu dans la revue Québec Science et collabore de façon régulière à L’Inconvénient, une revue de littérature, art et société.

Considéré par plusieurs comme l'un de nos prosateurs les plus originaux, il a reçu en 2015 le Prix Gérard-Morisset pour l'ensemble de sa carrière et est devenu, l'année suivante, Officier de l'Ordre national du Québec. Serge Bouchard a reçu en 2017 le Prix littéraire du Gouverneur général pour son recueil Les yeux tristes de mon camion.
Il s'est éteint le 11 mai 2021 à la suite d'une longue maladie.


www.sergebouchard.ca


Presse

Serge Bouchard est un drôle d’anthropologue. Il croit qu’il vaut mieux appeler la Terre «Madame», trouve la beauté des fleurs suspecte, décrit l’enfer comme une «surdose de science et de conscience» et s’intéresse au silence des cailloux.

Pour Serge Bouchard, «l’histoire récente de la casquette constitue un des plus grands problèmes de l’anthropologie contemporaine». Et la radio, avec ses tribunes téléphoniques, «remplace le confessionnal, la taverne ou les longs commérages au téléphone».

La moitié des textes de L’homme descend de l’ourse ont d’abord été lus à l’émission Indicatif présent animée par Marie-France Bazzo.

Serge Bouchard y raisonne et déraisonne sur tout et sur rien; mène en douce une réflexion sur les mœurs contemporaines. Par exemple sur l’homme devant son écran d’ordinateur, l’homme à sa table de cuisine, l’homme et sa corde à linge («le drapeau national de notre intimité»), ou encore sur l’homme en Floride.

Le plaisir dans tout ça, ce n’est pas tant d’apprendre ce que nous ne savions pas (mais si, tout de même) que de voir émerger ce que nous avions sur le bout de la langue (l’auteur nous parle de nous, après tout, du magasinage du temps des fêtes ou de la mode actuelle qui est «d’être fatigué, brûlé, au seuil de la dépression»).

Tout ça est écrit avec humour et poésie. L’auteur a le sens de la formule, en abuse légèrement, et aussi des jeux de mots, mais il n’y a pas de quoi s’en formaliser, car c’est bon, et c’est ce qu’on en retient.

Élisabeth Benoit, «Le quotidien, avec humour et poésie», La Presse, 17 mai 1998.




Depuis 1993, Serge Bouchard et Bernard Arcand écrivent des textes réjouissants sur les lieux communs, qu’ils lisent ensemble, sur les ondes de la radio MF de Radio-Canada, chaque mercredi, à l’heure de pointe, pendant 25 minutes, partageant avec un égal bonheur l’art de renouveler les clichés. […]

«Ce n’était pas notre destin de faire cette émission. Nous sommes deux anthropologues sérieux qui avons une réputation, une carrière et une famille», remarque Serge Bouchard, qui accueille, un matin, pour une entrevue, son camarade dans une chambre d’hôtel de Québec. Chacun s’empare d’un appareil téléphonique. Ils parlent un peu en même temps et il arrive que leurs voix se confondent. Sauf lorsque l’un dit des méchancetés sur l’autre.

«Bernard ne m’écoute même pas quand je lis mes textes à la radio, se plaint Serge Bouchard. Il se lève, il sort du studio. J’en souffre beaucoup.»

Avec des commentaires pareils, difficile de penser, ne serait-ce qu’un instant, que Bernard Arcand et Serge Bouchard ne sont que des messieurs sages et savants, dont il faut prendre les propos au premier degré. Que non.

En fait, ils sont déchaînés. Et très drôles. Ils peuvent dire des énormités en restant imperturbables. Mais ils peuvent aussi, en parlant du gazon, de la météo ou de la fidélité, passer une remarque, mine de rien, qui fait réfléchir.

Ils trouvent eux-mêmes leurs sujets de réflexion, dissertent sur les idées proposées par des amis ou des auditeurs. «Vous n’en connaissez pas?» s’enquiert Serge Bouchard. «Il faut qu’un sujet nous parle. On peut parler de choses toutes petites pendant des émissions. On est meilleurs quand on parle du pâté chinois, qui n’intéresse personne – sauf que là les gens disent: c’est pourtant vrai – que quand on aborde un concept», souligne Bernard Arcand.

Les deux hommes admettent s’être souvent intéressés à des sujets typiquement masculins (!) : le sport, la calvitie, le rasoir. «Chaque thème est un problème qu’on n’a pas réglé dans la vie, confie Serge Bouchard. C’est pour ça qu’il n’y a pas de thèmes de femmes. On s’entend bien avec elles.»

Lucie Côté, «L’art joyeux de renouveler les clichés», La Presse, 15 mai 1994.


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